Edmond PADOVANI :
le brillant destin d'un homme de talent

Edmond PADOVANI

Si l'on peut encore aujourd'hui parler de TERROT, la célèbre marque dijonnaise de deux-roues, longtemps leader de la construction moto en France, c'est bien parce que certains de ses dirigeants ont su faire confiance à des “valeurs sûres” comme Edmond Padovani.

Le très talentueux ingénieur autodidacte, qui vient de nous quitter le 7 décembre dernier dans sa 91ème année, avait en effet contribué pour une large part à la gloire de la firme du boulevard Voltaire, à la fois par ses résultats dans la compétition moto des années 1935-37, au guidon des surpuissantes machines dijonnaises - et par ses dons de concepteur de modèles populaires, qui mettait les solutions les plus modernes à la portée d'une large clientèle.

Attiré très jeune par la mécanique et les performances, Edmond Padovani, d'origine corse, se retrouve employé successivement dans plusieurs garages marseillais et s'inscrit dès 19 ans, au Moto-Club de Marseille, qui réunit une illustre phalange de fins pilotes.

Les résultats arrivent très vite, flatteurs à plus d'un titre : sur des motos d'occasion retravaillées par son talent personnel, il s'impose dans les courses locales et dans quelques épreuves d'importance nationale. Sa catégorie de prédilection, les 250, lui donne de très beaux succès, et c'est à partir de 1932 (il n'a pas 21 ans) que sa 250 Guzzi, ex-usine, dotée d'une quatrième vitesse “faite-main”, l'amène la plupart du temps sur la première marche du podium.

Remarqué bien évidemment par Paul Dion, Directeur des Courses de TERROT, dont les pilotes d'usine, sélectionné parmi les meilleurs, redoutent en Padovani un adversaire très coriace, le marseillais accepte de venir s'installer à Dijon, juste après son triomphe du Grand Prix de France de septembre 1934.

“Officiel” Terrot, c'est à dire membre de l'équipe du premier constructeur français, non content de faire briller les couleurs de Dijon dans les grandes épreuves, il dessine une nouvelle 500 bicylindre qui doit préparer la relève des modèles “mono” en fin de développement. Hélas, l'effondrement du marché de la moto française, amène TERROT à se retirer des courses en 1937.

La page des victoires en compétition est tournée, mais les talents d'Edmond Padovani sont aussitôt réinvestis par Jean Vurpillot, le patron de TERROT, dans la conception d'un vélomoteur 100, 3 vitesses, qui reste encore aujourd'hui dans la mémoire d'une génération de Français comme la machine increvable et nerveuse à qui on a tout demandé. Ensuite, aussitôt après la Libération, c'est le coup de maître : la sortie de la 125 4 temps, culbutée, 4 vitesses, nettement au-dessus du lot de ses concurrentes, et dont la production, jusqu'en 1956, va dépasser les 250.000 exemplaires ! Machine, souple, vive et endurante qui se présente aujourd'hui en “collection” comme l'aristocratie des “populaires”.

Placé à la Direction Technique dans les années de déclin, Edmond Padovani n'aura pas pu empêcher le navire TERROT de sombrer, avec tout le marché de la moto française : pourtant il nous aura finalement laissé, en 1961, les 175 Rallye et 125 Ténor qui constituent le chant du cygne de la célèbre marque.

Mais il faut aussi rendre hommage aux créations de l'époque suivante, à la Direction Technique de CYCLES PEUGEOT, où le fameux cyclomoteur “103", produit vedette de la marque au lion apparaît, dans les années 70, comme son dernier coup d'éclat.

Passionné de mécanique, “accro” de la Formule un, musicien à ses heures, esthète raffiné, c'est un homme de talents et un homme de coeur, tellement désireux de soutenir tous ceux qui oeuvrent pour la mémoire de TERROT, qui laisse un souvenir ému et reconnaissant.

D.P.

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